La posture

06 Oct La posture

La posture

Quand on pense posture on pense « tiens-toi bien, redresse-toi » et autres réprimandes faites aux enfants et aux ados en mal de muscle et/ou d’identité.

Bien loin de ces simples remarques, la notion de posture est bien plus complexe.

En premier lieu, quelques précisons que la posture debout est assurée grâce à 5 sources d’informations majeures :

1. Les pieds, qui fournissent l’information liée à la façon dont notre corps gère la pression de la pesanteur 
2. La colonne vertébrale, qui transmet les informations de ses structures musculo-ligamentaires assurant la verticalité de l’humain et qui absorbent les chocs extérieurs. Pour la préservation de cette même verticalité notons l’importance des muscles de la base de la tête. Ils permettent de bien maintenir et orienter les yeux (voir ci-dessous)
3. La mâchoire, un élément probablement inattendu de la posture, mais fondamental. Beaucoup de personnes serrent les dents durant la journée (harcelées par le stress du quotidien ou par leur entourage), ou/et la nuit (submergés par les émotions et mésaventures de la veille). Les muscles des joues qui permettent  de fermer la bouche – les masséters – font partie des plus puissants du corps et sont amenés à gérer plus de 80% du tonus musculaire total du corps. Si les masséters sont spasmés ou asymétriques, ils seront enclin à déséquilibrer les autres muscles du corps. C’est à dire à modifier la posture générale.
4. L’oreille interne, qui nous permet de conserver l’assiette (comme en aviation), est intimement liée aux autres sources d’informations posturales permettant de toujours avoir l’horizontalité du regard.
5. Les yeux jouent un rôle essentiel non pas par l’aspect de  l’acuité visuelle mais par celle de bonne convergence, assurée par la mobilité des globes oculaires dans l’orbite (via les muscles de la base de la tête)  

L’attribution des rôles

Une fois les acteurs intervenants dans la posture présentés, il nous reste à leur attribuer des rôles. Sachant que chacun d’eux interagit avec les autres et qu’ils sont parfaitement solidaires. Si l’un d’eux est déficient, les autres vont compenser le déficit en « sur-corrigeant ».

Par exemple, si vous avez un défaut de convergence et que vous favorisez un œil plutôt que l’autre. Inclinez la tête et la colonne vertébrale va compenser le déficit. 

Si vous avez une mauvaise occlusion dentaire (des appuis entre les dents de mauvaise qualité, une mâchoire « de travers »). Vous risquez de compenser avec une déformation de la colonne vertébrale ou un défaut de convergence oculaire. 

Si vos pieds sont asymétriques, plats ou creux, l’impact sur la colonne vertébrale ou le port de tête sera immédiatement ressenti jusqu’aux yeux.

Une mauvaise posture peut avoir des répercussions sur l’ensemble du corps. Par exemple un déséquilibre fonctionnel du muscle diaphragme qui ne pourra plus accomplir son rôle de pompe abdominale. Et qui à son tour aura des répercussions autant sur la circulation générale que sur la respiration. Ainsi que sur le bon fonctionnement des viscères digestifs.

De nombreuses tensions musculaires liées à une posture « avachie », la tête projetée en avant, le dos arrondi et les lombaires inversées (pas cambrées) vont favoriser les maux de tête, la fatigue oculaire ou les contractures des muscles du cou. Ou bien le fameux « coup de poignard » entre les omoplates, cette sensation de morsure qui ne lâche pas sa victime malgré le repos et le sport.

Des entorses de cheville à répétitions sont souvent dues non seulement à des pieds asymétriques mais aussi à des défauts de convergence oculaire. Quand les yeux ne parviennent plus à donner la bonne information au bon moment.

Le mode de vie

Par ces quelques exemples on tente de signifier qu’au-delà du fait qu’il est indispensable de faire du sport, de surveiller son alimentation, et de revoir l’ergonomie de son poste de travail. Avoir un bon sommeil sur une bonne literie et un bon oreiller est très important – dans les cas de douleurs rebelles et récidivantes – de faire un bilan posturologique complet par un spécialiste bien formé.  

Le posturologue fera l’inventaire des différentes entrées citées plus haut, à la recherche de l’élément défaillant. On rappelle : pieds asymétriques, colonne déviée ou douloureuses, mâchoires serrées, oreille interne déficiente, ou défaut de mobilité des yeux. Il est malheureusement évident que l’on peut cumuler les dysfonctions.

En fonction des maux ou des troubles que vous décrirez, l’ostéopathe posturologue vous proposera plusieurs pistes d’intervention. (souvent pluridisciplinaires). Par un podologue qui posera si nécessaire des semelles de correction posturale, un orthoptiste en charge de la rééducation des yeux, un occlusodontiste (dentiste spécialisé dans l’occlusion – les bons contacts entre les dents quand on ferme la bouche), ou/et un kinésithérapeute formé à la rééducation vestibulaire ( fonction de l’équilibre de l’oreille interne).

Si vos maux ne sont pas au point de consulter un spécialiste, il suffira de faire quelques exercices qui viendront compléter votre sport régulier.

les exercices

• La respiration classique, ample et progressive, reste la clé incontournable. Prenez régulièrement durant la journée le temps de respirer, surtout sur le lieu de travail. Pour vous ressourcer et surtout pour vous réoxygéner. Cela vous permettra de vous sentir implicitement plus serein.
• Lors des brossages des dents, les RDV réguliers avec vous-même pendant lesquels il est difficile de faire autre chose. Tenez vous en équilibre sur un pied, le genou légèrement fléchi, pendant une minute. Pendant la deuxième minute obligatoire de brossage, changez l’appui sur l’autre pied, le genou toujours fléchi. Tenir ainsi en équilibre bien droit, permet de renforcer tous les muscles posturaux. Et ceci en uniquement une minute par pied !
• Et justement, en parlant des mâchoires, appliquez-leur un traitement agréable chaque soir avant de dormir. Massez donc les gros muscles qui sont activés quand vous serrez les dents, sur les joues devant les oreilles. (les fameux masséters) cela leur permettra de se relâcher avant de vous fondre dans les bras de Morphée. Quelques dizaines de secondes chaque soir seront bénéfiques à la qualité de votre sommeil et de la récupération.
• Pour les yeux, mettez-vous devant le miroir, bras tendu tenant une pointe de crayon à la hauteur de vos yeux. Rapprochez lentement la pointe jusqu’à la racine de votre nez en tentant de ne toujours voir qu’une seule pointe. Si l’image se double, arrêter et reprendre l’exercice. Ensuite, faites le même exercice en voilant un œil (sans le fermer). Dès lors que la pointe est proche des yeux, ôtez la main et tentez de ne voir qu’une seule pointe à nouveau. Faites le même exercice avec l’autre œil. Répétez ces exercices 5 à 10 par jour. Après chaque série d’exercices, mettez vos paumes de mains sur les yeux pour les réchauffer et les relaxer.