Ostéopathie et troubles de l’autisme par Evelyne Soyez

Ostéopathie et troubles de l’autisme par Evelyne Soyez

Evelyne Soyez, kinésithérapeute et ostéopathe DO, est spécialisée en neuropédiatrie de pathologies d’origine centrale, telle que la paralysie cérébrale et les troubles du spectre de l’autisme.

“Le corps d’un enfant avec une pathologie neurologique est normal à la naissance. Ce sera la répétition de mouvements identiques, comme c’est le cas dans l’autisme, qui déformera le le corps”

Le parcours qui vous a conduit à l’ostéopathie est original. Pouvez-vous nous le décrire?

Kinésithérapeute de formation, je me suis spécialisée en neuropédiatrie en intégrant l’équipe hospitalière de la docteure Claudine Amiel Tison qui dirigeait un service de dépistage du développement neurologique à la maternité de Port Royal, lieu historique de la neuropédiatrie. Claudine Amiel Tison avait également jumelé son service à l’hôpital pédiatrique Sainte-Justine de Montréal. Je me suis alors formée à l’ostéopathie au Canada avant d’intégrer ma pratique ostéopathique à la consultation de la PMI de hôpital Port Royal.

Avez-vous donné une orientation particulière à votre pratique ostéopathique ?

Par la suite, j’ai ouvert un cabinet regroupant divers professionnels (orthophoniste spécialisée chez l’enfant de 0 à 3 ans, ergothérapeute et ostéopathe) : Le jardin d’éveil pour accueillir des enfants. de 0 à 4 ans. J’ai finalement fermé ce cabinet et je suis partie en Roumanie pour travailler sur le handicap des enfants. J’y suis devenue conseillère à la protection des droits de l’enfant.

Quel est le message en tant ostéopathe spécialisée en neuropédiatrie?

Le corps d’un enfant avec une pathologie neurologique est normal à la naissance. Ce sera la répétition de mouvements identiques, comme c’est le cas dans l’autisme qui déformera le corps. Sans intervention ostéopathique adaptée, cette déformation pourra conduire à des pathologies plus ou moins sévères

Quel accompagnement, paramédical ou médical offre-t-on actuellement aux patients atteints de trouble autistique en France ?

Tout dépend de l’âge de l’enfant. Certaines équipes interdisciplinaires entrainées à l’intervention précoce organisent dès la toute petite enfance des interventions coordonnées. Sur le terrain, Il reste beaucoup à faire : formation de thérapeutes et de diagnosticiens, information de la population sur ces pathologies, formation des familles, recherches fondamentales (en génétique, en biologie, en neurologie), etc.

Est-ce que l’ostéopathie est fréquemment proposée dans la prise en charge des troubles de l’autisme?

Fréquemment, non. Mais de plus en plus. Cela dépend de l’âge de l’enfant. Lorsque l’enfant est un très jeune bébé et que les parents vont consulter un ostéopathe sur les conseils de leur sage femme pour des difficultés du quotidien de l’enfant (problème d’alimentation, de régurgitations, de sommeil, de pleurs). Ces motifs banaux peuvent cacher les prémices d’un trouble autistique. Si l’enfant n’est pas suivi, il faudra l’orienter vers des services spécialisés.

Et lorsque l’enfant est plus âgé ?

Lorsque l’enfant est plus âgé, il y aura deux cas de figure. Premièrement, l’enfant est diagnostiqué et pris en charge dans un réseau de soins. Dans ce cas, il faudra effectuer un travail de prévention des conséquences orthopédiques en faisant attention aux scolioses sur les grandes hypotonies par exemple. Mais également informer les parents en quête d’une guérison miraculeuse via une médecine dite “parallèle” sur les possibilités d’évolution. Deuxièmement, l’enfant n’a pas été diagnostiqué. Il n’est donc pas pris en charge et il faudra organiser santé la prise en charge de l’enfant avec d’autres professionnels de la santé.

Les parents sont des partenaires indispensables pour le bon déroulement des programmes thérapeutiques. Leur compréhension et leur « compliance » sont très utiles. Il faut donc les impliquer.

Dans quelles structures intégrer l’ostéopathie dans l’accompagnement de l’enfant avec TSA ?

Dans les maternités, les services spécialisés (neuropédiatrie, psychopathologie de l’enfant), les centres de rééducation : CAMSP, pôle de compétence, réseaux de suivi de périnatalité. Et bien évidement, dans les cabinets libéraux et les maisons de santé.

Ostéopathe Magazine N*33